LE CHATEAU

Les finances renflouées, ma femme, dès lors convaincue que l’entreprise allait marcher, se prenait tout doucement au jeu en participant aux comptes, à la paperasse, elle prenait même plaisir à travailler avec moi. Christine devenait donc ma femme, ma secrétaire, ma conseillère, mon employée et aussi, ma cuisinière.

Un problème vint se poser en s'aggravant rapidement, le fait de travailler la peinture glycero dans un appartement HLM chauffé par le sol. Les émanations nous indisposaient et, de plus, naviguer entre la cave et le 5ème étage pour exécuter les pancartes publicitaires relevait d’une véritable prouesse !

Je cherchais depuis plus d’un mois sur les annonces, une maison indépendante avec un atelier ou, au minimum, un grand sous-sol. Je devine ce que vous pensez ! L'ai-je demandé à mon Papa céleste ?

Maintenant que vous me connaissez un peu, vous vous doutez bien que je l'ai fait et ce, durant une semaine et avec beaucoup de foi. Je n'avais pas de réponse mais je persévérais une seconde semaine devant ce Dieu qui peut tout, puis une troisième et, la 4ème semaine, j’ai commencé sérieusement à bouder !

Je me souviens de ce soir, en particulier, où je posais cette question au Seigneur : Pourquoi, chaque fois que je trouve la maison qui me convient, quelqu’un d’autre la loue avant moi ou bien il y a des empêchements ?

Je me perdais en raisonnements futiles et je reprochais à Dieu de trop me faire espérer en Lui et je décidais de ne plus compter dorénavant que sur moi-même. Je demandais même à Dieu de me laisser vivre normalement et, dans un accès de colère, je jetais ma Bible sur le sol…

Un long moment s’est passé. Imaginez la scène ! Moi la tête dans mes mains, accoudé sur mon bureau et là, parterre, près de moi, la Bible ouverte !

J’ai eu d’abord des remords et j'ai commencé à regretter mon accès de colère. Je disais au Seigneur : C’est vrai quoi ! Tu fais tout pour m’énerver ! Et je me penchais pour ramasser la Bible… Et là, chose incroyable (sauf si cela vient de Dieu), je lus ce passage à l’endroit où la Bible s’était ouverte au sol : Père n’irritez pas vos enfants de peur qu’ils ne se découragent (Colossiens 3:21).

A ce moment là j’ai ressenti l’Amour tout puissant de Dieu à mon égard.

J’ avais le sentiment que le Seigneur "se repentait" d’avoir du pousser l’épreuve aussi loin…

Alors, les larmes ont commencé à couler de mes yeux et je n’avais qu’une envie, celle de courir me serrer dans les bras de mon Dieu, de lui demander pardon de l’avoir mal jugé et d’accepter dorénavant toutes ses décisions avec confiance.

Je crois que j’ai dormi avec une nouvelle facette de la personne de Dieu. Nous croyons toujours connaître notre Papa céleste et Il ne cesse de nous surprendre au travers de son infinie sagesse et de son grand Amour.

Le "grand jour" arriva enfin ! Je ne dirais pas "à mon insu", car après l’expérience très profonde que je venais de vivre je savais, comme par instinct spirituel, que dès que Dieu s’approchait de moi de cette manière, les jours qui suivaient allaient être comme la mer rouge qui allait s'ouvrir devant moi. Je prenais alors le journal et là, dans les annonces de location, je découvrais l'annonce suivante : Maison avec dépendances - Conviendrait à artisan.

C’est pour moi ! Dis-je. Pas la peine de se presser, le Seigneur me la réserve !

Armé de ma plus noble tenue de combat, ma foi, j'ai pénétré dans cette agence qui allait rédiger le bail à mon nom.

Je me présente au bureau de l’agence en détaillant ma demande et l’employée, après avoir consulté ces archives, me répondit : Nous venons juste de louer cette maison, c’est dommage pour vous !

Alors j’insistais en disant : Vérifiez quand même, c’est signé ? C’est officiel ? Téléphonez !

Elle me rabroua et me dit : "Mais enfin, vous êtes ridicule, n’insistez pas !

Je connaissais cette étape, pourrais-je dire, étape où le Seigneur me fait languir avant de m’accorder ce que je veux !

Alors je restais sur le pas de la porte de l’agence, attendant que l’employée m’appelle pour autre chose ou pour cette maison qui miraculeusement se trouverait libre à la location, mais son regard ne me disait rien de bon !

En fait, je devrais dire que si je prenais position ici, c'était surtout devant mon Père céleste, m’attendant plus que jamais à Lui seul !

Au bout d’un long moment, je commençais à vaciller dans mes certitudes, pensant qu’une autre location arriverait plus tard et ailleurs.

Au moment précis ou je passais la porte pour m’en aller, un homme distingué me croisa et, se retournant, me dit : Nous nous connaissons ! Ne seriez -vous pas Anton, le peintre en lettres ?

Décidément, ma renommée me dépassait ! Mais, en effet, j'avais fait une enseigne pour lui deux ans auparavant.

Il me demanda pour quelle raison j’étais là et je partageais l'objet de mes recherches. Il me fixa un moment puis me dit : Je crois savoir ce qui vous conviendrait le mieux ! Il me fit monter les escaliers pour se diriger vers son bureau. L’employée me voyant passer devant elle avec le patron me mitrailla de ses deux yeux méchants et pleins de reproches ! Quelqu’un qui insiste lourdement et qui dérange le patron en personne, c’est plus que dérangeant !

Arrivé dans son bureau, il a commencé par ouvrir un dossier et me demander quelques renseignements. Apparemment, je passai l’épreuve avec succès, mais je ne savais toujours pas ou il voulait en venir. Il téléphona alors devant moi et, s’exclamant au téléphone, dit à son interlocuteur : J’ai trouvé votre homme digne de confiance, je le connais. Comme il est artisan, l’idée me semble parfaite pour votre Gardiennage !

De plus en plus étonné de la tournure que prenaient les évènements, je commençais à m’impatienter et manifestais le désir d'avoir des explications !

Le chef d’agence m’explique alors les choses ainsi : Voilà, me dit-il, à 15 kms d’Epinal, près de Gérardmer, se trouve une grande usine, la Papeterie Boucher, et depuis 50 ans les directeurs de l’usine sont logés par la Papeterie dans une maison au bord de l’usine. Comme depuis des années le directeur préfère sa propre maison, il devient nécessaire d’occuper cette habitation à l’abandon ou d'y mettre en place un gardiennage. Il semblait que l’idée plaise au responsable de l’usine.

Nous partons donc avec nos voitures et je prends Christine au passage. Arrivés à Docelles, à proximité de l’usine, un petit bosquet nous accueillait. Nous avons arrêté nos voitures devant un magnifique portail qu’il a ouvert. Nous avons roulé sur environ 200 mètres à travers un parc et un jardin magnifique puis, la surprise ! Là, devant nos yeux ébahis, un petit château qui s'élevait sur 3 étages, revêtu d’un manteau de lierre.

Nous avons laissé nos voitures sur le parking aménagé devant les garages et il nous fit entrer par derrière.

Nous pensions qu’il s‘agirait d’occuper uniquement le premier étage, mais après avoir ouvert la lourde et luxueuse porte en fer forgé et vitrée, nous nous sommes retrouvés alors devant une entrée royale, un escalier immense recouvert de velours avec des cordes en or en guise de rampe murale. Un salon de vingt deux mètres de long, tout en Louis XV, ravissait nos yeux. Les chambres avaient chacune sa salle de bains équipée de robinetteries en or, un boudoir et d'immenses balcons. Il y avait une grande cuisine avec un office. Le troisième étage était composé de chambres de bonnes. Il y avait aussi le sous-sol, cave, garage immense…

Les questions fusaient et l’inquiétude nous saisissait : Combien pour chauffer tout ça ? Combien de loyer ?

La réponse de notre bienfaiteur ? Pas de loyers, puisque vous en êtes les gardiens. En revanche, si vous n’êtes pas rémunérés pour le gardiennage, sachez que toutes les servitudes sont directement rattachées à l’usine qui se trouve à 50 m par réseau souterrain. Le fuel, l’eau, l’électricité, le gaz… Le tout gratuit !

Le moment le plus drôle où nous avons éclaté de rire avec ma femme fût lorsque nous avons aménagé la maison ou plutôt, notre château, que le Seigneur nous avaient réservé, nous avions alors disposé la télévision à une extrémité du salon et les fauteuils à… vingt mètres !

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